2-1 - Connaissances et conception des maisons passives



Pour prendre contact Qualité des informations



Les vraies informations sont indispensables à la conception des maisons passives. Dans les médias, et tout particulièrement sur internet, l’information est souvent vraie, mais elle est également souvent fausse. L’erreur peut résulter d'une étourderie, parfois d’une méconnaissance du sujet ou encore, bien pire, de la volonté d'orienter l'information en fonction de l’intérêt, notamment économique, de celui qui la donne. Cet article est destiné à faire comprendre qu’au milieu de la multitude des informations qui nous sont proposées au fil des pages, la vérité n’est pas toujours la règle. La conservation d’un esprit critique et la confrontation avec d'autres sources sont indispensables pour s'assurer de sa qualité réelle.

L’évolution a conduit l’homme à devenir ce qu’il est grâce à son intelligence. Aujourd’hui l’intelligence ne suffit plus. Dans un monde de plus en plus complexe, la connaissance précise du sujet est indispensable pour comprendre puis passer à l'acte. Dans le domaine des maisons de l’avenir, les maisons passives, cette règle est tout particulièrement vraie tant le nombre de fausses informations est considérable.

Quelle est la part de vérité dans les informations à notre disposition, les nouvelles, bien sûr, mais aussi celles déjà acquises et prises pour argent comptant ? Quelles sont celles à classer au rang des croyances infondées, des acquis surannés ou des simples convictions erronées? Quelles sont celles qui découlent plutôt de la crédulité que de vérités éprouvées ?

La réponse n'est pas évidente, loin s'en faut, et ce d'autant plus que même les connaissances considérées acquises et certaines peuvent parfois être remise en cause.
Seule la connaissance permet de démêler le vrai du faux
Les exemples suivants en sont la preuve flagrante.

Pour prendre contact Vrai ou faux?



Parmi les 10 affirmations suivantes indispensables à la conception des maisons passives, parfois piochées dans nos connaissances, parfois simplement entendues ou encore lues sur Internet, toutes considérées comme vraies, combien le sont elles réellement?
  • 1 - Le soleil se lève à l’est et se couche à l’ouest
  • 2 - Les doubles vitrages apportent plus d’énergie que les triples vitrages.
  • 3 - Le bois est un isolant.
  • 4 - Un mur très épais n’a pas besoin d’être isolé
  • 5 - L’étanchéité à l’air est renforcée par l’isolation.
  • 6 - Les murs perspirants permettent d’assainir l’air intérieur
  • 7 - Le seul intérêt d’un sas est d’empêcher l’air froid de rentrer
  • 8 - Les briques sont plus écologiques que les blocs de béton.
  • 9 - Les constructions en bois sont plus efficaces
  • 10 - Une maison passive est au moins trois fois plus performante qu’une maison RE2020

La réponse est simple : elles sont toutes fausses, à des degrés divers certes, mais toutes fausses et le fait de ne pas le savoir peut avoir de graves conséquences. Cette affirmation-là n’est pas un avis, mais un constat s’appuyant uniquement sur les réalités de la physique ou simplement sur les effets des simplifications du langage courant…


1 - Le soleil se lève à l’est et se couche à l’ouest : faux


L’orientation du lever et du coucher du soleil varie tous les jours et dépend du lieu d’observation. En France, au solstice d’hiver, lorsque la durée du jour est la plus courte, vers le 21 décembre, le soleil se lève au sud-est et se couche au sud-ouest. Il se lève au nord-est et se couche au nord-ouest au solstice d’été, vers le 21 juin, le jour le plus long de l’année. Ces informations sont capitales pour déterminer les apports solaires en hivers et éviter les surchauffes estivales. Pour plus d’informations à ce sujet voir l’article «Trajectoires solaires»


2 - Les doubles vitrages apportent plus d’énergie que les triples vitrages : faux


C’était le cas il y a quelques années, mais ça ne l’est plus aujourd’hui. Certains triples vitrages laissent passer beaucoup plus d’énergie que des doubles vitrages. Le choix des vitrages est capital en construction passive pour améliorer les apports solaires en hiver ou les limiter en été. Voir l’article «Comment choisir un vitrage ?»


3 - Le bois est un isolant : faux


Cette remarque est très fréquente. Elle découle probablement du vécu et de la sensation de chaleur liée au bois. Cette affirmation est parfois annoncée avec une telle certitude que seules les données de la physique élémentaire, notamment la conductivité thermique, permettent de faire prendre conscience de l’erreur d’appréciation. Pour plus d’informations à ce sujet voir l’article «Qu'est-ce qu'un isolant thermique?»


4 - Un mur très épais n’a pas besoin d’être isolé : faux


Cette remarque, comme pour le bois découle de la sensation de la réalité et non de la réalité purement physique. La solidité d’un mur, même de plusieurs mètres d’épaisseur, ne préjuge en rien de sa qualité thermique notamment en hiver. Un isolant a généralement une conductivité de 0,04W/mK. Un mur est fréquemment proche de 1W/mK. Si la différence ne saute pas aux yeux, le rapport lui est énorme puisqu’il atteint un facteur 25. Un seul centimètre d’isolant est, d’un point de vue thermique, équivalent à 25cm de mur. Dix centimètres d'un isolant quelconque sont équivalents à un mur de 2,5m d'épaisseur. Inversement, un mur de 1m d’épaisseur est seulement équivalent à 4cm d’isolant… Pour plus d’informations, vous pouvez lire l’article « Pourquoi isoler un bâtiment ? »


5 - L’étanchéité à l’air est fortement améliorée par l’isolation : faux


Pour assurer le confort, les courants d’air incontrôlés, froids comme chauds, doivent être supprimés. Les constructions doivent être étanchées. Ce rôle ne peut pas être assuré par les isolants qui, soit ne sont pas étanche à l’air, soit ne sont pas assemblés de manière à ce que les jonctions soient étanches à l’air.


6 - Les murs perspirants permettent d’assainir l’air intérieur : faux


Le rôle des murs perspirants n’est pas d’assainir l’air de la maison. Ce rôle est celui de la ventilation. Les murs perspirants peuvent évacuer la vapeur qu’ils absorbent, mais celle-ci doit toujours être réduite au minimum possible. Voir l’article «Les limites des murs perspirants».

7 - Le seul intérêt d’un sas est d’empêcher l’air froid de rentrer : faux


La quantité d’air qui passe par une porte d’entrée, lors de son ouverture, même de nombreuses fois par jour, est faible au regard du renouvellement d’air nécessaire à la ventilation. De plus, il ne faut que peu d’énergie pour l’amener à température ambiante. Limiter cette entrée d’air parasite est le rôle le plus évident d’un sas, mais aussi le moins important. L’efficacité d’un sas résulte plutôt de la suppression des pertes très importantes par conduction au travers des nombreuses portes donnant sur l’extérieur qui seraient nécessaires en son absence. Voir l’article «L’intérêt insoupçonné des sas».

8 - Les briques sont plus écologiques que les blocs de béton : faux, mais assez équivalent


Cette affirmation d’écoule probablement de l’image du produit de base des briques qui est la terre cuite, de leur fabrication qui est souvent locale, mais aussi du fait que leur résistance thermique est 2 fois meilleure que celle d’un bloc creux de la même épaisseur. Cette différence est toutefois si faible qu’elle est équivalente à l’isolation produite par un seul petit centimètre d’isolation supplémentaire. Cet avantage est perdu par le fait que la fabrication des briques nécessite plus d’énergie que pour celle des blocs. La brique n’est donc pas plus écologique que les blocs de béton. Ils sont aussi mauvais l’un que l’autre en comparaison à d’autres matériaux comme le bois, la paille, la terre ou encore le béton cellulaire.

9 - Les constructions en bois sont plus efficaces : faux en climat chaud, mais souvent vrai en climat froid


Les architectures vernaculaires résultent d’une adaptation aux variations des climats locaux. Nos anciens, qui ont pu tester au cours des siècles d’évolution toutes sortes de constructions, n’ont jamais construit en bois dans des régions où la chaleur peut être accablante en été. Ce n’est pas un hasard. Qui n’a jamais visité en plein été une construction ancienne, aux murs de briques très épais, avec une sensation de fraîcheur ressentie dès le franchissement de la porte d’entrée ? Après avoir compris que l’inertie par absorption était la clé du confort estival de ces maisons, le simple bon sens aurait dû nous conduire à profiter de la solution qui ne nécessite aucune source d’énergie polluante et à ne pas utiliser d’isolation par l’intérieur qui va dans le sens contraire. Cette solution résultant de l’évolution n’est toutefois plus la seule qui soit efficace. L’évolution des connaissances a apporté de nouvelles méthodes de conception et de nouveaux produits. L’inertie par transmission s’est ajoutée à l’inertie par absorption pour améliorer encore le confort, toujours sans énergie.

Les constructions bois sont très efficaces dans les climats froids en hiver et pas trop chauds en été, en montagne par exemple. Dans les régions où les étés sont très chauds et les variations de température quotidiennes importantes, construire entièrement en bois est une aberration qui peut conduire à la nécessité de climatiser alors qu’une construction à forte inertie d’absorption aurait pu l’éviter. Dans une maison bois, notamment en climat chaud, il est indispensable d’ajouter des parois massives pour améliorer l’inertie par absorption et d’utiliser des isolants extérieurs à forte inertie par transmission. L'utilisation de bardages ventilés peut encore améliorer le confort.

10 - Une maison passive est au moins trois fois plus performante qu’une maison RE2020 : faux


Le rapport est généralement supérieur, mais dépend des projets. Seuls les calculs thermiques permettent de s’en assurer. Le problème n’est toutefois pas là. Cette affirmation, très fréquente, vient d’un abus de langage.

Les besoins d’une maison passive ne doivent pas dépasser 15kWh/m2/an. Ceux d’une maison RE2020 ne doivent pas être supérieurs à 50kWh/m2/an en moyenne. Le rapport est donc supérieur à 3 et laisse à penser que l’affirmation « Une maison passive est au moins trois fois plus performante qu’une maison RE2020» est vraie

La réalité est toute autre. Pour en avoir conscience, les phrases précédentes doivent être réécrites avec toute la précision nécessaire.

Les besoins de chauffage d’une maison passive ne doivent pas dépasser 15kWhu/m2Shab/an. Ceux d’une maison RE2020 ne doivent pas être supérieurs à 50kWhep/m2Shabrt/an en moyenne pour les 5 besoins que sont le chauffage, la climatisation, la production d’eau chaude, l’éclairage et la ventilation.

Dans le cas d’une maison passive, on parle en énergie Utile et Surface Habitable. Les 15kWhu/m2Shab/an sont calculés avec un logiciel, le PHPP, capable de fournir la puissance de chauffage nécessaire.
Dans le cas d’une maison RE2020, on parle en Energie Primaire et Surface Hors Oeuvre Nette Réglementation Thermique 2012. Les 50kWhep/m2SHONrt/an en moyenne sont calculés avec le moteur de calcul de la RE2020. C’est un calcul purement conventionnel dont le résultat souvent faux est uniquement destiné à noter le bâtiment, à vérifier qu’il est conforme à la réglementation. Il n’a rien à voir avec la réalité et est incapable de définir la puissance de calcul nécessaire au bâtiment.

Les kWh des maisons passives et des bâtiments RE2020 ne sont pas les mêmes. Ce sont simplement des homophones dans le langage courant. Les comparer n’a donc strictement aucune signification réelle. Ce serait comme comparer deux objets dont le nom se prononce de la même manière, mais qui n’ont strictement rien en commun, une souris d’ordinateur et le petit rongeur par exemple. Pour plus d’informations, vous pouvez lire l’article «La jungle des kWh et des surfaces»

Pour prendre contact Comment éviter les erreurs



De simples bases de physique ou un langage précis permettent de se rendre compte du fait que les 10 affirmations précédentes sont fausses alors qu’elles sont pourtant largement considérées vraies. D’autres, bien plus nombreuses, auraient tout aussi bien pu servir d’exemple. Croire ces affirmations vraies peut être sans conséquence, comme celles concernant les maisons bois ou la comparaison entre passif et RE2020, ou, au contraire, provoquer des défauts irrémédiables de conception puis, par voie de conséquence, de fonctionnement après construction, comme celles concernant l’isolation résultant de l’usage des murs épais ou l’étanchéité à l’air renforcée par l’isolation.

Les connaissances nécessaires pour que conception et réalisation soient en adéquation avec les concepts des maisons passives doivent être basées sur les informations vraies. Les connaissances requises peuvent être obtenues en lisant les informations disponibles sur le sujet, en les comparant et en les recoupant avec d'autres, ou en se renseignant auprès de ceux qui sont censés savoir, des tiers de confiance qui ne doivent avoir aucun intérêt particulier, notamment économique, à mentir.

Qui est en effet susceptible de prétendre, à tort, mais volontairement, que les doubles vitrages apportent plus d’énergie que les triples, qu’il suffirait d’isoler thermiquement pour étancher à l’air, que les murs perspirants permettent d’assainir l’air intérieur, que l’usage des briques est préférable à celui des blocs de béton ou que toutes les constructions efficaces devraient être en bois? Ce sont généralement ceux qui ont un intérêt à le faire et, tout particulièrement, ceux qui y trouvent un avantage financier. Ceux-là ne sont pas des tiers de confiance. Ils s’appuient sur la crédulité de tous, à un moment donné, par manque de connaissance sur le sujet abordé. Ils sont à éviter systématiquement. Toutes leurs affirmations doivent être contrôlées et recoupées avec d’autres.

Ne vous adressez jamais à un vendeur pour savoir ce que vaut ce qu’il vend, mais renseignez-vous plutôt auprès ce ceux qui utilisent déjà ses produits ou services. Eux n’ont en principe rien à gagner à vous mentir. Ils n’hésiteront pas à vous faire part de leur satisfaction ou au contraire des inconvénients de leur choix ou du constat de leur erreur de décision. Là encore, plusieurs avis sont indispensables pour éviter les râleurs permanents et les réponses de collusion ou de simple copinage, à moins qu’il n’existe des moyens infaillibles de s’assurer de la réalité des réponses. Les produits bénéficiant d’un avis technique ou d’une certification en sont un exemple. Les labels, Effinergie ou Passivhaus, par exemple, délivrés par des tiers dont l’indépendance et la compétence sont unanimement reconnues, doivent vous rassurer en vous certifiant le respect des règles établies et la conformité du bâtiment. Vous pouvez vous reporter à l’article «L'intérêt de la certification»

Lorsque les informations sont portées par Internet, le problème est plus compliqué encore puisque les pires solutions sont quasiment susceptibles de devenir les meilleures pour peu qu’elles réussissent à faire le meilleur buzz, le bouche-à-oreille à la taille gigantesque d’internet et à sa vitesse. Mais c’est aussi là qu’il est possible de trouver de vraies réponses souvent aussi des solutions différentes dont la fiabilité doit bien sûr être contrôlée en détail.

Les acquis de nos longues années scolaires peuvent également être faux, soit parce qu’ils l’étaient dès le départ, soit parce que l’évolution de notre société à fait qu’ils le sont devenus. Les acquis résultant de notre apprentissage informel, au fil de notre vie, sont encore une autre source d’erreurs parce que le passé ne reflète pas systématiquement l’actuel et encore moins le futur.

Les connaissances évoluent et dépendent du contexte. En construction comme dans d’autres domaines, celles provenant du passé, qu’elles soient acquises par l’apprentissage ou par le vécu, ne sont peut-être pas si vraies que chacun peut le croire. Parce qu’elles ne concernent que l’univers des constructions classiques, ces mêmes connaissances, dans le contexte des constructions passives, ouvrent des perspectives qui peuvent être très différentes, souvent méconnues, parfois contre-productives et même sources d’erreurs irrémédiables. Seules les connaissances basées sur la physique sont immuables et permettent de distinguer le vrai du faux en toutes circonstances.

Dans le domaine des constructions passives comme dans bien d’autres, les informations erronées, perverties ou simplement inadaptées peuvent conduire à des erreurs fatales de conception.

Pour prendre contact La qualité des informations de PassivAct sur les maisons passives



Seules les connaissances précises des concepts passifs et de leurs conséquences
permettent la conception puis la réalisation de constructions vraiment passives.
La rubrique Concepts de ce site s’emploie à les développer. Les informations qui y sont données pourraient être fausses ou pires, consciemment perverties, mais qu’y aurait-il à y gagner ? Les concepts passifs sont parfaitement définis sur des bases scientifiques. Alors qu’ils peuvent être contrôlés sur d’autres sites sérieux, tel ceux de l’association la Maison Passive France et du Passivhaus institut ou de son équivalent français, L’Institut de la Maison Passive, dont la compétence ne peut être remise en cause, donner sciemment de fausses informations, sur ce site, n’aurait aucun sens. Des erreurs peuvent par contre apparaître. Si c’est le cas, elles seront corrigées dès qu’elles seront découvertes. Si vous en trouvez une, n’hésitez pas à le faire savoir en cliquant simplement sur l’adresse mail indiquée sur la page Contact.






En résumé :
  • En hiver, le soleil se lève au sud-est et se couche au sud-ouest
  • À l’équinoxe, le 21 mars et le 21 septembre, le soleil se lève à l’est et se couche à l’ouest
  • En été, le soleil se lève au nord-est et se couche au nord-ouest
  • Le soleil est toujours au sud à midi solaire
  • La hauteur du soleil est maximale au sud à midi solaire, toute l’année
  • La hauteur maximale du soleil en été, à l’est et à l’ouest, est d’environ 38°
  • Le décalage hivernal de l’heure utile par rapport à l’heure solaire est de +1 heure
  • Le décalage estival de l’heure utile par rapport à l’heure solaire est de +2 heures


Thème 2 - Les connaissances de base