Y a-t-il un risque de moisissure dans une maison passive ?
04/02/2024
Dans tout logement, il y a forcément production de polluants de l'air intérieur et de vapeur du fait de la seule présence des occupants mais aussi de la réalisation des repas dans la cuisine ou encore de l'usage des douches et des toilettes. La conséquence est un air plus pollué à l'intérieur qu’à l'extérieur. C’est un fait attesté par toutes les études sur la qualité de l’air intérieur.
Au-delà de la règlementation minimaliste française qui date de 1982, soit plus de 40ans, ventiler plus et mieux, en permanence et avec des débits garantis est aussi une obligation sanitaire. Une ventilation efficace doit être en mesure de remplacer en permanence cet air intérieur vicié par un air extérieur plus sain sans être exempt de pollution, notamment dans les grandes villes. En hiver, cette ventilation a de plus tendance à assécher l’air intérieur ainsi que les parois du logement et donc à réduire les risques d’apparition de moisissures.
Ventiler n’est pas toujours suffisant pour supprimer ce dernier risque :
- soit du fait de la fréquence trop importante de l’humidification des parois comme dans les salles d’eau,
- soit du fait de parois trop peu perméables à vapeur d’eau qui interdisent sa migration vers l’extérieur et l’assèchement rapide du mur lorsque la ventilation est insuffisante,
- soit du fait de l’existence de parois froides qui concentrent les condensations de la vapeur,
- soit de pénétration d’eau de pluie par des fissures ou des interstices qui ne devraient pas exister,
- soit de défaut d’étanchéité à l’air résultant de ces mêmes types fissures et interstices…
Dans les deux premiers cas, le problème peut être résolu en ventilant plus. Dans les autres cas, ce ne sera pas suffisant et il n’y a pas de solution sans travaux car l’effet de paroi froide vient pratiquement systématiquement de ponts thermiques résultant de défauts d'isolation et donc de la conception ou de la mise en œuvre initiale du bâtiment.
Pour ventiler plus, il n’y a que deux solutions :
- soit ouvrir les fenêtres plus fréquemment dans les bâtiments anciens non équipés d'une VMC et non conformes à la règlementation,
- soit augmenter de débit de la VMC lorsqu'elle existe.
Ventiler plus en ouvrant les fenêtres est parfois la seule solution physique. L’efficacité de cette solution n'est que temporaire et les conséquences sur le confort ainsi que l'augmentation des factures d’énergie la rende inacceptable et de plus en plus souvent financièrement impossible du fait des augmentations permanentes du prix de l'énergie. Elle conduit à des logements mal ventilés et aux conséquences sanitaires résultant d'un air intérieur pollué et humide.
Ventiler à l'aide d'une VMC simple flux par extraction d'air vicié qui équipe la quasi-totalité des bâtiments récents, mais n’existe pratiquement jamais dans les bâtiments non rénovés antérieurs aux années 1970 n’est donc pas toujours possible. Quand ce type de VMC existe, la ventilation est souvent insuffisamment efficace car :
- la sensation d'inconfort résultant du passage direct de l'air extérieur au travers des grilles d'entrée d’air conduit fréquemment à les boucher et donc à supprimer ou au moins à réduire la ventilation qu'elles sont sensées permettre,
- pour réduire le besoin de chauffage, les grilles d'aspiration hygroréglables ne s'ouvrent pas suffisamment en l'absence de production importante de vapeur, lors des douches ou de la préparation des repas, et l'air intérieur est insuffisamment renouvelé,
- augmenter volontairement, de manière importante, le débit de ce type de ventilation qui fonctionne en continu est impossible et dans tous les cas conduirait aux mêmes problèmes financiers et de confort que l’ouverture des fenêtres.
Ventiler à l'aide d'une VMC simple flux par insufflation d'air neuf est peu courant et n’existe que dans quelques constructions neuves ou rénovations. Quand ce type de VMC existe, la ventilation est souvent insuffisamment efficace et même dangereuse car :
- la sensation d'inconfort résultant du passage forcé de l'air neuf extérieur en un point unique en hiver nécessite un préchauffage énergivore avant diffusion et impose de baisser les débits pour éviter les factures trop élevées,
- la mise en surpression du logement provoque l'évacuation de l'air intérieur pollué et humide, vicié dans les pièces de service, au travers des grilles d'extraction avec risque de condensation et de coulure à l'extérieur. Ce même air est également et inévitablement évacué au travers des défauts d'étanchéité à l'air des murs de façades dans lesquels la vapeur qu'il contient peut se condenser et parfois même geler en provoquant des destructions d'enduits voire même des sinistres structurels bien plus graves,
- comme pour les VMC simple flux par extraction augmenter volontairement le débit de ce type de ventilation qui fonctionne en continu est impossible et dans tous les cas conduirait à des factures énergétiques encore plus exorbitantes.
L'ouverture des fenêtres et les VMC simple flux ne permettent pas de ventiler correctement à faible coût énergétique pour réduire la pollution intérieure et les risques de moisissures. Afin de supprimer les inconvénients de ces solutions, la VMC devrait, de manière idéale pouvoir ventiler en continu avec :
- un air neuf filtré pour réduire sa propre pollution ainsi que les allergènes aériens qu'il peut contenir,
- des débits importants supérieurs à 1m3 par m2 habitable,
- des températures qui ne provoquent ni défaut de confort thermique ni augmentation des factures de chauffage ou de rafraîchissement.
Une telle solution existe. Elle n'est pas idéale du fait de sont prix initial, mais elle l'est du point de vue de son fonctionnement car elle remplit tous les critères spécifiés. Il s'agit des VMC double flux dont l’entrée d’air neuf extérieur unique, à fort débit continu, filtré et préconditionné par son échangeur est accessible, contrôlable, nettoyable et conditionnable.
Lorsque les défauts viennent de fissures ou d’interstices inopportuns, il suffit de les boucher pour supprimer les entrées d’eau ou les fuites d’air. La ventilation pourra alors résoudre le problème des risques liés aux moisissures si les travaux suppriment également les ponts thermiques résiduels.
Lorsque les défauts viennent de la présence de parois froides, notamment des ponts thermiques, fréquemment dans les angles des plafonds avec les façades, au droit de l'intersection des murs et des planchers, il faudra faire des travaux qui consistent à :
- surisoler les parois froides, de préférence par l'extérieur, pour quelles de viennent chaudes coté intérieur et ne provoquent plus de condensation,
- s’assurer que la totalité des parois froides soit traitée pour ne pas déplacer le problème des moisissures ailleurs, vers le nouveau point le plus froid du logement,
- ventiler fortement et en permanence, notamment avec une VMC double flux, pour bénéficier des avantages que ce type de ventilation procure.
En résumé, les risques de développement de moisissures à l'intérieur des habitations vient généralement du cumul de défauts d'isolation et d'une ventilation insuffisante. Les solutions pour réduire ce risque consistent, par ordre de priorité, à :
- Isoler de manière à ce que la température intérieure de surface de toutes les parois ne permette pas la condensation,
- Supprimer les ponts thermiques,
- Supprimer puis contrôler la disparition tous les défauts d'étanchéité à d'air,
- Ventiler de manière importante de préférence avec une VMC double flux qui permet des débits importants d'air neuf filtré et préconditionné,
- Permettre un transfert réparti et limité de la vapeur vers l'extérieur de manière à faciliter l'assèchement des murs notamment en cas de défaut de la ventilation.
Dans les maisons passives, toutes ces recommandations sont mises en œuvre simultanément.
Le risque de moisissure y est donc inexistant.
Cette information n'est pas un avis sans fondement, mais le résultat de retours d'expériences