13-6 - Efficacité du couplage entre puits provençal classique et VMC Double Flux



Pour prendre contact Rappel : Interactions entre puits climatique et VMC double flux



Comme indiqué dans l'article "Interactions entre puits climatique et VMC", un puits climatique aéraulique de conception classique n'est vraiment efficace et n'améliore le confort que s'il est couplé à une VMC double flux. L'air neuf peut, dans ce cas, en comptant les by-pass du puits climatique et de la VMC, emprunter 4 chemins possibles :
  • 1 - de l'extérieur directement vers l'intérieur
  • 2 - de l'extérieur vers le puits climatique puis directement vers l'intérieur
  • 3 - de l'extérieur vers l'intérieur en passant directement par l'échangeur de la VMC
  • 4 - de l'extérieur vers le puits climatique puis vers l'intérieur en passant par l'échangeur de la VMC

Pour rappel également, dans un puits climatique hydraulique, les trajets 1 et 3, qui ne passent pas par le puits climatique, correspondent a un arrêt de la circulation de l'eau dans la batterie. Inversement, les trajets 2 et 4 correspondent au moment où la pompe fait circuler l'eau entre le réseau souterrain et la batterie.

Pour prendre contact Les espoirs



En été, la température de l'air neuf qui transite au travers d'un couple formé d'un puits provençal et d'une VMC double flux peut seulement s'approcher, sans source d'énergie permettant de produire du froid, de la température moyenne la plus basse qui assure son fonctionnement. Dans ce cas, il s'agit de la température du sous-sol qui dépend du climat, mais ne dépasse généralement pas 18°C pendant cette saison.

La température de l'air neuf qui transite en été
au travers d'un puits provençal et d'une VMC double flux est pratiquement toujours supérieure à celle du sous-sol


Amener de l'air neuf à une température proche de celle du sous-sol, inférieure à la température intérieure, ne signifie pas pour autant que le bâtiment desservi puisse être rafraîchi. Si la baisse de température évite systématiquement le réchauffement résultant du renouvellement de l'air, la performance globale du couple dépend avant tout du bâtiment et du climat. Pour rafraîchir vraiment, les deux équipements réunis doivent être capables de produire une énergie de rafraîchissement supérieure à celle qui résulte de tous les apports de chaleur cumulés. Ceux qui proviennent de la conduction au travers de toutes les parois et des ponts thermiques, ainsi que de ceux qui proviennent des apports solaires et internes.

À la profondeur d'un puits provençal, la température estivale du sous-sol à forte inertie est toujours beaucoup plus stable et moins élevée que celle de l'air extérieur. Le puits peut donc théoriquement rafraîchir l'air neuf qui le traverse pendant les périodes les plus chaudes. il doit même pouvoir limiter l'amplitude des variations de température sans autre source d'énergie que celle nécessaire à la circulation du fluide caloporteur. Cette capacité à préconditionner et à stabiliser la température de l'air neuf doit pouvoir être optimisée pour améliorer le confort intérieur.

En hiver, les puits climatiques couplés à une VMC double flux n'ont pratiquement aucun intérêt en dehors du fait qu'ils limitent les risques de gel des échangeurs des VMC double flux qu'ils desservent. Sans autre avantage déterminant pendant le reste de l'année, l'investissement dans un équipement de ce type est inutile, car bien trop élevé pour être rentabilisé même à long terme et pratiquement sans aucun avantage en termes de confort et de consommation d'énergie de chauffage. Contrairement à la période hivernale, les performances des puits climatiques sont à la hauteur des espoirs qu'ils ont fait naître en rafraîchissant vraiment pendant la période estivale? Quelles performances peut-on réellement en attendre pendant la saison chaude?

Pour prendre contact Bilan en été…



Dans cet article, qui est le pendant du couplage entre VMC double flux et puits canadien, on considère que :
  • la saison est exclusivement l'été. La saison hivernale a fait l'objet du précédent article.
  • la température de l'air intérieur est au maximum de 25°C pendant toute cette saison. Cette limite est celle au-delà de laquelle un bâtiment au label Passivhaus est considéré en surchauffe.
  • la température du sous-sol est de 18°C à la profondeur du puits climatique
  • le trajet suivi par l'air de l'extérieur vers l'intérieur est automatiquement déterminé par les capteurs de température de manière à assurer le meilleur confort et le plus d'économie d'énergie possible.
  • le puits climatique, dénommé puits provençal pendant cette saison, est calculé pour la période hivernale, comme indiqué dans l'article précédent, de manière à maintenir l'échangeur de la VMC hors gel, à 2°C, quand la température de l'air descend à -10°C. Il permet donc un gain de 12°C pour un écart de température de 16°C avec le sous-sol lorsque le débit de l'air est de 1m3/m2Shab, soit 0,4V/h avec une hauteur sous plafond de 2,50m.
  • les incidences sont indiquées en fonction des évolutions quotidiennes du couplage entre puits canadiens et VMC double flux sans prendre en compte celles résultant de l'évolution des températures du fait du climat sur une période annuelle

En été, la température de l'air peut, de plus en plus fréquemment, monter au-delà de 30°C dans pratiquement toutes les régions françaises. Elle dépasse même de plus en plus régulièrement les 40°C et les records sont battus d'année en année en suivant le réchauffement climatique. La température du sous-sol, elle, ne monte que rarement en dessus de 17 à 18°C, car de telles chaleurs ne durent généralement que très peu de temps comme c'est également le cas des périodes de grand froid en hiver. En été, les écarts de température entre le jour et la nuit, souvent bien plus important qu'en hiver, peuvent dépasser 20°C. Il peut faire très chaud le jour, mais la température nocturne est souvent proche de notre température de confort, parfois au-dessous, mais parfois aussi au-dessus de 20°C. Il faut remarquer qu'il existe de très grandes disparités de climat entre, par exemple, les localisations extrêmes qui vont du bord de mer aux flancs d'une montagne en haute altitude, ou encore des grandes villes qui constituent des îlots de chaleur à leurs périphéries bien plus fraîches la nuit.

Pour prendre contact Trajet 1 : de l'extérieur directement vers l'intérieur



Pendant cette saison, l'air qui pénètre directement dans un logement pendant la journée est chaud ou très chaud. La différence de température avec l'air intérieur est nettement moins prononcée qu'en hiver et provoque moins de sensation d'inconfort temporaire du simple fait de la circulation de l'air. Elle peut par contre aggraver la sensation d'inconfort permanente du fait de l'augmentation généralisée de la température intérieure au-delà de notre plage de température de confort. Cette aggravation est due à la simultanéité entre l'insufflation d'air neuf chaud, à l'augmentation des températures de surface de toutes les parois et à la production inévitable de chaleur simplement provoquée par l'usage des locaux. La sensation d'inconfort est d'autant plus importante que les constructions sont bien isolées parce que la chaleur ne peut pas ressortir facilement. Il faut toutefois noter que, à l'opposé, la chaleur qui ne peut pas rentrer facilement limite l'aggravation de la situation lorsque les vitrages sont protégés des rayons directs du soleil.

Ce chemin peut permettre de rafraîchir les locaux, notamment grâce à la surventilation, lorsque la température extérieure est inférieure à la température intérieure. Il ne peut généralement fonctionner que quelques heures par jour notamment la nuit. Il doit être stoppé dès que la température extérieure dépasse la température intérieure. Cette règle doit toujours être respectée, même en début de matinée, lorsque les températures extérieures ne sont pas encore nécessairement élevées, parce que le réchauffement du matin participe à la surchauffe de la soirée.

Cette solution, similaire à celle d'une construction seulement équipée avec une VMC simple flux, qui semble pourtant vraiment pouvoir rafraîchir, ne doit toutefois absolument jamais être mise en œuvre, car elle provoquerait un dysfonctionnement systématique des puits provençaux tel que précisé dans les articles suivants.

Pour prendre contact Trajet 2 : de l'extérieur vers le puits climatique puis directement vers l'intérieur



Lorsque l'air est directement insufflé à l'intérieur après avoir seulement traversé le puits provençal, nous sommes dans le cas où c'est l'échangeur de la VMC double flux qui est bipassé. Il est rappelé que cette solution est inacceptable en hiver parce que l'échangeur de la VMC est bien plus efficace que le puits canadien pour réchauffer l'air neuf. Qu'en est-il en été?

Il a été indiqué, en début d'article, que le puits provençal était calculé comme un puits canadien de manière à permettre un gain de température de 12°C pour un écart de 16°C entre l'air et le sol lorsque le débit d'air est de 1m3/m2Shab. Par simple symétrie de fonctionnement, avec ce même débit et en rappelant que la température du sous-sol est considérée être à 18°C, la température peut baisser de 12°C à la sortie du puits provençal lorsque l'air est plus chaud de 16°C que le sol, soit à 34°C. Dans ces conditions, l'air pénètre dans les locaux à 22°C. Comme une température de 34°C n'est atteinte qu'en milieu de journée, la température intérieure est alors pratiquement toujours supérieure à 22°C. L'air neuf insufflé après avoir traversé le puits provençal supprime alors, à minima, l'augmentation de température des locaux du fait du renouvellement de l'air.

Quand la température extérieure est moins élevée, la plupart des températures baissent. Celle du puits provençal fait, quant à elle, partie des exceptions et ne varie pratiquement pas grâce à l'inertie du sous-sol et à la couche de terre qui le protège. La performance d'un puits provençal diminue d'autant plus que l'écart entre la température extérieure et celle du sous-sol diminue. Tant que cet écart subsiste, le puits provençal peut toutefois continuer à rafraîchir les locaux parce que plus la température extérieure baisse, et plus celle de l'air neuf se rapproche de celle du sous-sol, donc de 18°C.

Si la température extérieure baisse la nuit en dessous de la température en sortie du puits provençal, il peut être tentant de faire rentrer l'air neuf sans passer par ce dernier pour rafraîchir plus vite les locaux qu'il dessert. Comme indiqué plus haut, dans les paragraphes concernant le trajet direct de l'extérieur vers l'intérieur, cette solution ne doit toutefois jamais être mise en œuvre pour ne pas annihiler son efficacité. Un puits provençal qui n'est pas refroidi la nuit ne peut pas stocker la fraîcheur qui sera vraiment nécessaire plus tard, aux heures les plus chaudes de la journée. L'inertie ne pouvant fonctionner que lorsqu'il y a variation de température, un puits provençal arrêté la nuit ne peut pas être efficace le jour.

Un puits provençal couplé à une VMC double flux
doit fonctionner en permanence pour limiter la surchauffe des locaux qu'il dessert


Quand la température extérieure est proche du maximum, vers 40°C, l'écart avec celle du sous-sol augmente. Du fait de son inertie, et de la très large prépondérance de la température du sol sur celle de l'air, le puits provençal voit ces performances augmenter. Il peut généralement continuer à limiter le risque de surchauffe des locaux puisque la température intérieure monte fréquemment bien au-delà de celle qui est atteinte en sortie du puits. Ce n'est toutefois pas systématique. La température qui augmente en entrée du puits réchauffe le sol du début de matinée jusqu'en fin de soirée, et parfois pendant plusieurs jours d'affilés lors de périodes, de plus en plus fréquentes, de canicule. Quand il fait très chaud, notamment en fin de soirée, la température de l'air à la sortie du puits provençal peut être supérieure à la température extérieure, parfois même à la température intérieure, et il peut donc devenir momentanément contre-productif. De manière identique aux périodes pendant lesquelles la température extérieure descend temporairement en dessous de la température du sous-sol, le puits provençal doit continuer à fonctionner pour se refroidir et rester efficace le reste du temps notamment aux heures les plus chaudes de la journée. Cette remarque confirme que le puits provençal doit fonctionner en permanence pour stabiliser d'abord sa propre température puis, par voie de conséquence, celle des locaux qu'il dessert.

En été, même en période de canicule, un puits provençal
qui fonctionne en permanence limite la surchauffe des locaux qu'il dessert


Pour prendre contact Trajet 3 : de l'extérieur vers l'intérieur en passant directement par l'échangeur de la VMC



Le passage direct de l'air extérieur par l'échangeur de la VMC implique la présence d'un by-pass qui permet de passer outre le puits provençal. Comme il l'a été précisé en hiver, des retours d'expérience montrent que les by-pass présentent fréquemment des défauts d'étanchéité. Dans un tel cas, une partie de l'air ne passe pas par le puits, mais provient directement de l'extérieur souvent bien plus chaud, notamment en milieu de journée. L'augmentation contre-productive de la température de l'air issu du puits pourrait être évitée sans le problème, donc sans by-pass.

Supprimer le by-pass du puits provençal peut paraître contre-productif en cette période ou le rafraîchissement est le bien venu, quand l'air extérieur est plus frais que l'air à la sortie du puits. Ce n'est pourtant pas le cas parce que cette situation, déjà décrite plus haut, est rare, seulement parfois en fin de journée notamment en période de canicule ou la nuit et que la fraîcheur ne va pas être perdue, mais simplement stockée dans le sous-sol pour être restituée quelques heures plus tard. Lorsqu'il y a, par contre, défaut du by-pass, le problème est constant et pratiquement indétectable sauf à mesurer en permanence les écarts de température entre la sortie du puits et l'entrée dans la VMC.

Puisque, en période estivale, même si, pour quelque raison que ce soit, la température extérieure est inférieure pour un temps à celle qui sort du puits provençal, l'arrivée de l'air neuf doit systématiquement continuer à passer par le puits provençal et que, de plus, un by-pass représente un risque de dysfonctionnement important et difficilement repérable, le by-pass des puits provençaux aérauliques ne doit pas être installé comme c'est déjà le cas pendant la période hivernale.

Le by-pass d'un puits provençal aéraulique est inutile

Comme en hiver, le fait de supprimer le by-pass provoque une légère consommation supplémentaire d'énergie par le ventilateur de la VMC. Celle-ci est toutefois très faible et ne peut pas remettre en cause sa suppression.

Contrairement au puits aéraulique qui fonctionne en continu sans by-pass, le fonctionnement du puits canadien hydraulique doit être contrôlé par un capteur de température qui doit limiter le fonctionnement de la pompe aux périodes pendant lesquelles il est efficace. Afin d'éviter la consommation inutile de l'énergie nécessaire à la circulation du fluide caloporteur, un puits provençal hydraulique doit fonctionner tant qu'il permet de réduire la température de l'air neuf sans que la température intérieure ne baisse en deçà de 20°C ou de la température de consigne si elle est différente.

Comme précisé dans l'article "Efficacité du couplage entre puits climatique et VMC en hiver", les échangeurs de VMC permettent de transférer, proportionnellement à leur efficacité, une part de la différence de température entre l'air rentrant et l'air sortant à celui qui est le plus froid. Pendant les journées d'été, l'air vicié intérieur plus froid se réchauffe alors que l'air neuf extérieur plus chaud se refroidit. La température de l'air neuf s'approche d'autant plus de la température intérieure que l'échangeur de la VMC est efficace. En été, dans la journée, la température intérieure est toujours supérieure à la température du sous-sol, parfois de plus d'une dizaine de degrés. Même si la VMC double flux rafraîchit l'air qui la traverse, la température de l'air neuf sera toujours supérieure à la température intérieure. Elle sera donc supérieure à celle du sous-sol et par voie de conséquence à celle de l'air en sortie d'un puits provençal efficace dans lequel il est suffisamment rafraîchi pour que sa température s'approche de celle du sous-sol qu'il traverse. Faire transiter l'air directement de l'extérieur vers l'intérieur en passant uniquement par l'échangeur de la VMC est donc bien moins efficace que de le faire transiter par le puits provençal.

Un puits provençal est plus efficace qu'une VMC double flux pour rafraîchir l'air en été

Pour prendre contact Trajet 4 : de l'extérieur vers le puits climatique puis vers l'intérieur en passant par l'échangeur de la VMC



L'échangeur d'une VMC rapproche la température de l'air insufflé de celle de l'air extrait. L'écart final est d'autant plus faible que l'échangeur est efficace. Si l'air en entrée de la VMC est plus frais que l'air extrait, son échangeur va le réchauffer comme en hiver. C'est malheureusement aussi le cas si l'échangeur de la VMC n'est pas bipassé en été. Dans la journée, en effet, l'air entrant dans la VMC en provenant du puits provençal est toujours plus frais que l'air extrait et son échangeur va donc le réchauffer et annihiler l'intérêt du puits. Le but étant de rafraîchir les locaux l'échangeur de la VMC est alors totalement contre-productif.

L'échangeur d'une VMC double flux couplé à un puits provençal
doit être bipassé en permanence

Un VMC double flux ne peut pas être efficace sans by-pass

Il faut toutefois remarquer que l'air devra passer par l'échangeur de la VMC si la température intérieure descend, notamment la nuit, en dessous de 20°C ou de la température de consigne fixé par l'occupant si elle est différente.

Pour prendre contact Conclusion…



En période estivale, parmi les trajets possibles que l'air peut suivre dans un couplage classique puits provençal et VMC double flux, un seul permet, quand il fait vraiment chaud, une amélioration certaine du confort avec une consommation énergétique réduite dans le cas ou il se substitue à un climatiseur et très légèrement augmentée dans le cas contraire. C'est celle qui consiste à faire transiter en continu l'air neuf par le puits provençal seul. Il atteint alors une température d'autant plus proche de celle qui règne dans le sous-sol qu'il est efficace. La consommation d'énergie supplémentaire est limitée à la faible augmentation de puissance des ventilateurs nécessaire pour que l'air traverse les tubes d'un puits aéraulique ou la batterie d'un puits hydraulique et à la pompe éventuelle de ce dernier.

Pendant l'été, plusieurs différences capitales apparaissent par rapport à l'hiver :
  • l'échangeur de la VMC ne peut rien améliorer puisqu'il a été précisé plus haut qu'il devait être impérativement bipassé pour ne pas être contre-productif,
  • alors que l'air neuf qui traverse un puits canadien ne peut pas chauffer en hiver parce que sa température est toujours inférieure à la température intérieure, il peut éventuellement rafraîchir en été en traversant un puits provençal par ce que sa température est la plupart du temps inférieure à la température intérieure,
  • alors qu'en hiver le débit de renouvellement d'air doit être limité puisqu'il faut toujours chauffer l'air entrant, l'augmentation du débit est bienvenue en été, quand l'air neuf est plus frais qu'à l'intérieur, car il rafraîchit d'autant plus les locaux que son débit est important.

Lorsque la baisse de température est de 12°C avec un différentiel de température de 16°C entre l'air extérieur et le sol, la puissance du puits provençal n'est, pour un débit de 1m3/m2Shab, que de 4W/m2Shab. Son efficacité thermique est de 75%. En période de canicule, pendant laquelle le différentiel de température peut atteindre 22°C quand la température extérieure est à 40°C et l'efficacité de 75%, la baisse de température dépasse 16°C. La puissance monte alors à seulement plus de 5W/m2Shab. Cette augmentation de puissance n'amène toutefois pas vraiment de confort supplémentaire parce qu'elle se fait simultanément à l'augmentation de toutes les températures intérieures.

La puissance du puits provençal peut toutefois être améliorée proportionnellement à l'augmentation des débits de ventilation tout au long de la journée. D'un peu moins de 0,5 fois le volume des locaux par heure, le débit de ventilation peut être porté à 1V/h, voire même 2V/h. Avec un puits provençal redimensionné pour que la température qui en sort soit la plus proche possible de celle du sol et un ventilateur de VMC adapté, la puissance maximale du puits provençal pourra alors approcher les 30W/m2Shab aux moments les plus chauds des périodes de canicule. En moyenne, elle sera bien sûr très largement plus faible de l'ordre de 5 à 10W/m2Shab suivant que le débit est de 1 ou 2 V/h. Quelle que soit la puissance calorifique obtenue, l'énergie consommée par d'un puits provençal reste toujours réduite à celle uniquement indispensable à la circulation du fluide caloporteur et a celle de l'air qui traverse à lors la batterie.

Augmenter les débits d'un puits provençal couplé à une VMC double flux
permet de mieux rafraîchir les locaux qu'ils desservent


Cette puissance déjà faible n'est, de plus, pas celle qui rafraîchit réellement les locaux. La puissance réellement rafraîchissante est bien plus faible parce qu'elle ne provient que de l'écart de température entre l'air intérieur et celui provenant de la sortie du puits provençal. Elle est maximale quand la température intérieure est la plus élevée et la température extérieure la plus faible parce que la température en sortie du puits est alors plus basse. Suivant les données prises en compte, la puissance maximale de rafraîchissement et équivalente à la puissance globale moyenne soit de l'ordre de 5 à 10W/m2Shab suivant que le débit est de 1 ou 2 V/h. La puissance moyenne de rafraîchissement utile qui est au moins deux fois plus faible représente alors 250W pour une maison d'une surface habitable totale de 100m2 lorsque le débit de ventilation est de 1V/h. Elle atteint 500W en augmentant le débit à 2V/h. Pour être plus clair, le puits provençal est légèrement plus performant qu'un climatiseur, fonctionnant sur l'air recyclé, dont la puissance en froid serait limitée à un maximum de 500W alors que les moins puissants d'entre eux présentent une puissance d'environ 2kW.

La puissance de rafraîchissement d'un puits provençal est donc très faible par rapport à un climatiseur, mais présente toutefois plusieurs avantages :
  • il reste en fonctionnement 24h/24h et stabilise la température intérieure en permanence
  • le rafraîchissement de l'air neuf est inclus de fait dans son fonctionnement et ne nécessite pas d'énergie supplémentaire contrairement au climatiseur
  • il permet d'évacuer la nuit la chaleur que les parois à forte inertie ont stocké dans la journée grâce à la circulation de l'air provoquée par la VMC double flux
  • sa performance ne varie que très peu au cours de l'été du fait des faibles différences de température du sol en comparaison à celles de l'air extérieur
  • la consommation d'électricité est limitée à celle nécessaire à la circulation du fluide caloporteur et donc au surplus nécessaire au ventilateur de la VMC déjà présent et à celle de la pompe régulée dans le cas d'un puits hydraulique
  • seul le ventilateur et la pompe sont susceptibles de faire l'objet d'une panne
  • un puits provençal hydraulique, recommandé dans l'article "Conception traditionnelle des puits climatiques", ne nécessite aucun entretien

Il est également important de noter que:
  • La température en sortie du puits est totalement indépendante de celle qui règne dans les locaux. La puissance rafraîchissante du puits provençal est donc d'autant plus importante que la température de la maison est élevée.
  • La limite de la température de rafraîchissement est la température du sol. Plus la température du sol et faible et plus le puits provençal peut donc rafraîchir les locaux qu'il dessert. La performance d'un puits provençal dépend donc fortement du climat. Il est forcément bien plus efficace dans le nord ou en altitude que dans le sud de la France. Il est également plus performant en début de saison chaude qu'en fin et à l'ombre au nord d'une construction plutôt qu'au sud.
  • Plus l'air extérieur est chaud, plus la différence de température avec le sous-sol augmente et donc plus la puissance du puits provençal est importante. Contrairement aux climatiseurs, la performance d'un puits provençal augmente avec la température extérieure parce que l'écart avec la température du sous-sol suit la même évolution. De ce fait, la température en sortie du puits ne monte que très peu et le puits provençal peut rester efficace.
  • En cas de longue période de canicule, dans les cas où la température nocturne ne baisse pas suffisamment ou lorsqu’ils ne fonctionnent pas la nuit, les puits provençaux peuvent perdre une partie très importante de leur efficacité

Ces remarques confirment que, comme en hiver, les puits provençaux sont d'autant plus efficaces que les constructions dans lesquelles ils sont mis en œuvre sont performantes et que le climat est froid ou, plus précisément, que le sous-sol est froid. Les puissances sont tellement faibles qu'ils n'ont pratiquement aucun intérêt en dehors des maisons passives ou proches passives. Les performances des puits provençaux sont toutefois largement supérieures à celle des puits canadiens du fait qu'il est alors possible, et même quasiment indispensable, d'augmenter largement les débits de ventilation.

Pour être efficace, le renouvellement d'air des puits provençaux doit être de 1 à 2V/h

Enfin, puisque parmi les chemins proposés un seul est vraiment efficace en été, les équipements nécessaires aux autres sont donc inutiles et ne doivent pas être mis en œuvre. C'est notamment le cas, comme pendant la saison hivernale, du by-pass des puits provençaux aérauliques. Le déphasage de la température du sol en fonction des saisons permet de réchauffer plus au début de l'hiver et de rafraîchir plus en début d'été l'air qui traverse les puits climatiques. La température y est en permanence stabilisée entre le jour et la nuit. Même si les performances sont très variables au cours d'une année, les puits climatiques fonctionnent donc en toute saison. Contrairement à la pratique habituelle, le by-pass des puits climatiques aérauliques, pourtant traditionnel, mais tout autant contre-productif et donc inutile en hiver qu'en été, ne doit donc pas être installé. Les équipements découlent de sa mise en œuvre, tels la grille d'entrée d'air supplémentaire, le système de régulation et de commande ainsi que toutes les canalisations pourront, bien sûr, être également évités. Ce sont là des économies qui permettent d'améliorer la rentabilité financière et, par voie de conséquence, de mieux justifier leur mise en œuvre.






En résumé :
  • Un puits provençal n'a d'intérêt que s'il est associé à une VMC double flux
  • Un puits provençal est plus efficace qu'une VMC double flux pour rafraîchir l'air en été
  • Un puits provençal aéraulique couplé à une VMC double flux doit fonctionner en permanence pour limiter la surchauffe des locaux qu'il dessert
  • L'échangeur d'une VMC double flux couplé à un puits provençal doit être bipassé en permanence
  • Le by-pass habituellement prévu lors de la conception des puits provençaux est inutile
  • Augmenter les débits d'un puits provençal couplé à une VMC double flux permet de mieux rafraîchir les locaux qu'ils desservent
  • Pour être efficace, le renouvellement d'air des puits provençaux doit être de 1 à 2V/h
  • Les puits provençaux sont mieux adaptés aux maisons passives parce qu'elles ne nécessitent que de faibles puissances, qu'elles sont étanches à l'air et qu'elles sont systématiquement dotées d'une VMC double flux
  • Les puits provençaux suppriment totalement les risques de surchauffe liés à la ventilation
  • Les puits provençaux limitent les risques de surchauffe, mais ne peuvent généralement pas rafraîchir


Thème 13 - Les puits climatiques